Nadya/Bertaux

sculpteure

Patrick Le Fur
Journaliste

> Patrick Le FUR

Au fil du temps et de la création

 

L’œuvre de Nadya Bertaux s’est d’abord sculptée à partir des matériaux pauvres et antinomiques qu’elle affectionne : métal et papier. Durant quinze ans, ses créations eurent des formes épurées, droites et rigides, s’épanouissant dans l’enveloppe d’une peau blanche de cellulose, irriguées d’un sang de rouille. Mais, lorsque l’on travaille sur le temps, puis le vent, le formel ne peut être que temporel.
À partir de 2006 un besoin de changement tournoie dans l’esprit de l’artiste : travailler sur le volume sphérique, sur la rondeur, donc sur la souplesse. Les « gisants » de l’atelier lui soufflent ce désir, des rouleaux de grillage entassés, endormis depuis deux décennies, sur des étagères.
En les allongeant sur le sol, l’artiste réveille les membres de cette famille métallique ; chacun s’exprimant selon sa grosseur, taille, et maille. N’appréciant guère la rapidité d’exécution, Nadya Bertaux sait combien un temps de gestation est nécessaire pour mettre en volume son inspiration. Et, justement, c’est ce qu’elle trouve dans le « défibrage » d’une toile d’aluminium ; des fils extraits un à un pour recréer sa propre matière, qui devient éthérée, aérienne, cellulaire.
Chacun d’entre nous peut aisément acquérir le vocabulaire artistique de cette œuvre fluide et poétique. N’en donnons que quelques items. C comme Chemin ou Communication, I comme Imaginaire ou Irréel, L comme Légèreté ou Liberté, M comme Minimalisme ou Mémoire,
T comme temps ou témoignage, et, enfin, V comme voyage et surtout Vie. La maille métallique comme enchevêtrement des rencontres, des échanges humains. Et le fil…conducteur, le fil torsadé comme la ligne tracée, un matériau, un travail qui permet aussi au sculpteur de retrouver,
à dessein, le dessin.

Patrick Le Fur, 2009
Pour le catalogue de l'exposition "Être en vent libre" La verrière, Ivry